Fenosoa Sergia

Mieux comprendre les blogueurs, c’est possible

Quand on commence à tenir un blog, l’une des étapes les plus difficiles pour le blogueur est parfois d’ « avouer » à son entourage qu’il écrit. Pour certains, cela se fait tout naturellement. Pour d’autres cependant, c’est un peu plus compliqué. Ce qu’il faut savoir avant tout, c’est que ce n’est pas bon de bloguer tout seul…

Cela a été mon cas quand j’ai commencé à lancer mon premier blog il y a quelques années. Je ne voulais pas que ma famille et mes amis « IRL » ou sur facebook tombent sur celui-ci. Pour tout dire, j’écrivais un peu incognito et il n’était pas question d’en parler à la maison. Pourquoi ? Parce que bloguer c’est en quelques sortes dévoiler aux autres une partie intime de soi, se mettre à découvert (pour ne pas dire se mettre tout nu) et sortir de sa zone de confort.

Une prise de conscience plus tard, c’est avec beaucoup d’appréhension que j’ai enfin décidé d’en parler chez moi et de partager le lien de mon blog sur mon mur. Grand a été mon étonnement en constatant la réaction – je dirai positive – de mon « audience » : on me félicitait, on partageait mes articles, on m’encourageait à continuer ce que faisais…Mais la plupart d’entre eux étaient surtout agréablement surpris de découvrir cette petite « inconnue » cachée derrière la personne qu’ils croyaient bien connaître.

Où je veux en venir ? Et bien je pense que même s’il ne veut pas l’avouer, le soutien de sa famille et de ses amis est important pour le blogueur. Même les auteurs anonymes ou qui se cachent derrière des pseudos louches espèrent secrètement que leurs proches tomberont sur leur blog, juste pour savoir ce qu’ils en pensent.

Quand il débute, avant de pouvoir constituer sa propre communauté de fans ou de lecteurs, le blogueur doit se sentir soutenu dans ces premiers pas. Et qui de mieux que ces personnes là pour l’encourager et l’aider à avoir confiance en lui ? Comme tout humain normalement constitué, il a besoin de savoir quelque part qu’on reconnaît son travail et qu’on le soutient dans ce qu’il fait.

Par « soutien », comprenez que je ne fais pas allusion à une démagogie pour avoir des centaines voire des milliers de « like » et de commentaires sur les réseaux sociaux, non ! Je parle de ce soutien, le vrai, de la part de ceux qui vous sont chers et qui vous côtoient au quotidien. Un soutien qui consiste à vous critiquer ouvertement (mais sincèrement) quand vous le méritez, à vous féliciter « parce que vous le valez bien » (merci l’Oréal pour ce superbe slogan), à vous accepter tel que vous êtes le temps de trouver vos repères, à vous supporter parce que aimez le blogging (même si ça ne « rapporte » pas toujours et qu’on ne comprend pas grand-chose à ce que vous écrivez), mais surtout, à être présent dans vos moments de doutes.

Car oui, les moments de doutes et de remise en question, ce n’est pas ce qui manque aux blogueurs. Il nous arrive d’être déçus parce qu’on a tellement misé sur le « succès » de tel ou tel billet, alors qu’au final, rien de ce qu’on espérait ne s’est produit. Est-ce qu’on n’a pas été assez bon ? Est-ce qu’on n’est pas aussi bon qu’on le croyait ?

Et puis il arrive des fois où nous perdons confiance en nous. C’est le syndrome de l’imposteur qui nous pourrit la vie. Moi par exemple, quand j’ai commencé à écrire, il m’arrivait de passer deux semaines entières à peaufiner un petit article de 700 mots. Il fallait absolument que tout soit parfait avant la publication, c’était devenue une obsession. Puis au final, des petites voix parasites venaient prendre possession de mon cerveau : « Mais qui es-tu pour écrire sur ce sujet ? » ou encore « Tu n’as pas toutes les compétences nécessaires pour aborder ceci ».

Dans ces moments-là, écrire un simple petit billet peut devenir un véritable enfer pour le blogueur : il entame des investigations maladives, il veut tout connaître mieux que ses lecteurs, pour être plus légitime. Du coup, il angoisse à l’idée de ne pas être à la hauteur de son propre talent ou de ne pas être assez bon pour mériter d’être lu.

Certes quand le blogueur écrit sur un thème, il doit bien faire des recherches pour appuyer ce qu’il dit, mais cela peut vraiment devenir un grand handicap s’il ne gère pas bien cette envie de tout savoir mieux que tout le monde. Au lieu de laisser s’exprimer sa plume, il passe son temps à rassembler des bribes d’informations soit-disons « importantes » à mettre dans son billet, pour aboutir à un résultat dont il n’est pas vraiment satisfait. Il finit par oublier l’essentiel : le plaisir d’écrire. C’est là qu’il aura aussi besoin d’un coup de pouce, pour le remettre dans le droit chemin.

Bref, tout ça pour dire que si vous avez un blogueur dans votre famille, montrez-lui que vous accordez de l’importance à ce qu’il fait, même si vous ne comprenez pas toujours les « choses » qu’il débite dans son élan d’inspiration. Il n’attend que ça de ses proches. Et pour les blogueurs qui n’ont pas encore parlé de leurs blogs à leur entourage, allez faire l’expérience et revenez me jeter des pierres si vous recevez des réactions négatives. Et n’attendez pas d’être « plus doué » pour partager enfin ce que vous écrivez. Parole de blogueuse ! 🙂


Moi chrétienne, je découvre le ramadan !

Je suis chrétienne catholique et j’ai une connaissance assez vague du ramadan. Pourtant, autour de moi, on en parle beaucoup en ce moment… Il est vrai que l’on peut apprendre pas mal de choses sur le ramadan en lisant certains articles passionnants ici et . Mais j’avais envie de l’apprendre par moi-même. Curieuse mais aussi réaliste, je ne pouvais pas m’incruster comme ça dans une mosquée, au risque de m’attirer la colère d’Allah. Que faire ? Je ne connais pas beaucoup de musulmans, et je ne sais pas trop comment aborder le sujet avec eux sans passer pour une voyeuse. Finalement, une amie musulmane, Sabriya, a gentiment accepté de m’aider. Alors, si comme moi vous pensez que ramadan rime uniquement avec jeûne, Sabriya, 16 ans, m’a convaincue que c’est bien plus que cela et que chacun peut vivre le ramadan à sa manière ! 

Ramadan, période de jeûne et de privation

Le ramadan est une période très importante pour les pratiquants musulmans. Un mois pendant lequel ils se privent de nourriture, de boisson et autres plaisirs corporels de l’aube jusqu’au crépuscule.  Quatrième pilier de l’Islam, le ramadan marque le neuvième mois du calendrier musulman lunaire.

En temps normal, le jeûne du ramadan est obligatoire à partir de l’âge de puberté, ou parfois un peu plus tôt. Mais quand j’ai appris que Sabriya a commencé le jeûne à l’âge de 3 ans,  je ne pouvais tout simplement pas la croire. « J’ai commencé à trois ans, mais c’est pas pour tout le monde hein… à cette époque j’avais fait juste cinq jours de jeûne ». Tu parles, c’est clair que ce n’est pas pour tout le monde ! Elle a vraiment commencé très tôt son jeûne.

Visiblement, le fait de commencer très tôt a eu un effet positif sur Sabriya : « quand j’ai commencé à vraiment jeûner tout le mois de ramadan, ça s’est bien passé parce que j’étais déjà habituée. Au fil du temps, année après année, j’augmentais le nombre de jour de jeûne.» C’est sûrement la bonne technique.

J’étais aussi curieuse de savoir si elle allait au lycée pendant cette période. Je pensais que pendant le ramadan, les musulmans passaient leurs journées dans les mosquées pour prier. Et bien non, Sabriya se rend bien à son lycée, ici à Antananarivo.

Je lui demande ce qu’elle fait pendant que ses copines mangent, par exemple pendant les heures du déjeuner ou du goûter. Sa réponse me surprend encore une fois : « Sois je me mets dans un coin avec mon portable, je ne reste pas avec eux . Soit je suis avec eux, on discute, ça ne me dérange pas vraiment en fait ». Vaine tentative de ma part pour coincer Sabriya, mais elle est clean ! 🙂

Je la relance encore avec une autre question plus subtile, pour lui faire avouer, ne serait-ce qu’un tout petit bout de « pêché » (ça ne lui est jamais arrivé de craquer, même pas une petite gorgée d’eau ? ). Mais rien n’y fait, Sabriya ne cède pas : « ha ha ha, quand j’étais petite oui, mais là non ». J’abandonne!

Le Ramadan, une occasion pour se purifier moralement

Quand je lui demande de me donner sa propre définition du ramadan, sa réponse, si sincère et si complète, me fait méditer sur le degré de ma foi quand j’avais son âge : « Pour moi le ramadan est un mois béni pendant lequel les musulmans se dévouent à Dieu et lui consacre un maximum de leur temps. C’est un mois béni sachant que les récompenses sont multipliées, les pêchés pardonnés et la porte de l’enfer et du diable fermée. Le ramadan, c’est aussi une période de l’année où tu compatis pour les plus démunis? car tu vois ce qu’ils éprouvent au quotidien quand tu jeûnes. Et surtout, tu te sacrifies, tu t’abstiens au maximum de tes désirs (écouter de la musique, avoir des rapports sexuels, rester calme et ne pas s’énerver,…), cette période est aussi faite pour t’enrichir dans la connaissance de ta religion et pour augmenter ta foi. C’est une belle période, car chaque musulman fait un effort pour être « bon musulman ». C’est aussi une période où les familles musulmanes se rapprochent, chaque soir pour casser le jeûne autour d’un repas ou lors de la fête après le ramadan ».

Pour Sabriya, le ramadan est synonyme de paix et de réconciliation, donc pas question de s’énerver ou de s’emporter facilement. C’est vrai que parfois, avec le jeune et la privation, certains adultes deviennent irritables. Sabriya elle, profite surtout de cette occasion pour demander pardon ou pardonner à ceux qui ont eu des embrouilles avec elle. Elle m’explique avec ses propres mots : « Si une personne m’a mise dans la m**de, genre avec qui j’ai eu des histoires, si la personne reconnaît ses erreurs et vient me demander pardon, je lui pardonne. Même si on ne devient pas super potes après. » C’est clair!

Comment manger pendant le Ramadan ?

Pour ce qui est de l’alimentation, le repas de l’aube (qu’on appelle « suhûr ») se prend à 4h du matin, avant le lever du jour. Le soir, au coucher du soleil, le muezzin annonce la rupture du jeûne par une prière. C’est l’heure de se régaler. La famille ne mange pas forcément un festin comme on peut l’imaginer après toute une journée sans rien avaler. Chez Sabriya, certes, ils se font de bons plats comme du riz et du poulet mais dégustent aussi des snacks, des douceurs sucrés, du thé… « Mais pour rompre le jeûne, on prend une datte, ou bien de l’eau » me révèle la jeune fille. C’est ainsi qu’aurait  procédé le prophète Mahomet pour rompre son jeûne.

dattes et thé pendant le ramadan
Des dattes et de l’eau pour rompre le jeûne. Crédit photo : Serdar_A via Pixabay

Le ramadan, mois de la charité

Pendant le ramadan, la générosité est à l’honneur. Les dons pour les plus démunis sont en effet obligatoires pour toute personne majeure. Sabryia m’explique le concept : « Si le père de famille a cinq membres dans son foyer, il doit donner le prix des cinq à un musulman dans le besoin à la mosquée,  avant la prière de l’Aïd. Et chaque année, ils fixent un prix minimum, on appelle ça le Fitra. Pour cette année, cette somme est fixée à 7000 Ariary par personne. ». En effet, la coutume veut que les fidèles s’acquittent de l’aumône de la rupture du jeûne pendant l’Aïd-el Fitr*. Cependant, donner de l’argent liquide n’est pas obligatoire, il est possible d’offrir l’équivalence en nourriture ou en vêtements par exemple. Selon ses moyens, chaque famille est libre de faire d’autres dons pour venir en aide aux plus démunis, musulmans ou pas.

La fin du ramadan est marquée par la fête de l’Aïd el-Fitr. J’apprends que les hommes se rendent à la mosquée en début de matinée pour faire la prière. A leur retour, les réjouissances peuvent commencer à la maison : parés de leur plus beaux habits, tous les membres de la famille se réunissent pour manger ensemble à midi. On se présente les vœux de l’Aïd car c’est un jour sacré. Et puis on s’échange des pâtisseries entre voisins ou entre amis de la communauté.

Renouveler nos vœux et nos rêves

Pour terminer, je demande à Sabriya si elle a un souhait en particulier qu’elle voudrait voir se réaliser pour ce mois du ramadan. Elle ne répond pas tout de suite à cette dernière question, elle préfère bien y réfléchir … et me donne sa réponse le soir après avoir mangé son riz au poulet!

Une fois rassasiée, c’est avec grande habileté qu’elle casse les stéréotypes qu’on peut avoir sur le jeûne : « Donc voilà, je souhaiterais que l’idée de souffrance ou de difficulté soit enlevée de la tête, parce que le ramadan, ce n’est pas uniquement se priver de manger ou de boire, et donc galérer… C’est avant tout une opportunité, une chance que Dieu nous offre pour nous repentir. C’est un moment qui nous permet de continuer sur la bonne voie. J’espère que, par la bénédiction du ramadan, et par la Grâce de Dieu, une bouffée de bonheur soufflera dans tous les foyers. »

Musulman(e) ou pas, je pense que c’est une occasion pour tout croyant de renouveler sa foi envers Dieu.

Allez, joyeux ramadan à tous !

Fenosoa Sergia

 

*Aïd el-Fitr : fête qui marque la fin de la période de jeune d’un mois lunaire.


Hôtesses et animatrices à Madagascar : les facettes méconnues du grand public

Jolies, souriantes, belles silhouettes, on les aperçoit lors des salons, des évènements sportifs, des grandes conférences… : ce sont bien sûr les hôtesses événementielles. La plupart d’entre elles ont choisi de se lancer dans de petits boulots pour se faire un peu d’argent de poche, le plus souvent après le bac. L’ennui c’est qu’elles sont parfois victimes de conditions de travail terribles et sont constamment exposées à une forme connue de proxénétisme sur les réseaux sociaux. A cela s’ajoute la manière dont la société les considère. Ayant moi-même été hôtesse et animatrice, je connais cette réalité et je pense pouvoir dénoncer ces pratiques. J’ai donc décidé de recueillir les plaintes et les remarques de jeunes filles malgaches au sein d’un groupe Facebook dédié à ces « petits boulots » pour appuyer ce billet.

Non seulement les hôtesses sont devenues indispensables à la réussite des grands événements, mais elles sont aussi garantes de l’image de l’entreprise organisatrice. Beaucoup pensent que le travail d’une hôtesse se réduit uniquement à « décorer le paysage », à accueillir, orienter et conseiller les visiteurs avec ce sourire figé en permanence sur le visage. Mais c’est tout faux. Ayant moi-même exercé dans ce domaine, je peux témoigner des travers de ce métier. Les recrutements sont hyper sélectifs, les agences sont de plus en plus exigeantes dans leurs critères et misent beaucoup sur le niveau intellectuel des candidates.

Quand une annonce en cache une autre

Des groupes dédiés aux hôtesses/animatrices/mannequins/… il y en a beaucoup sur Facebook. Quelques-uns regroupent uniquement des malgaches, on y trouve majoritairement des jeunes filles. Le principe du groupe est simple : tous les membres (particuliers, agences, entreprises, personnes intermédiaires…) peuvent publier des « annonces ». Ceux ou celles qui sont intéressés peuvent directement postuler, soit par commentaire, soit par message privé. Les administrateurs du groupe n’effectuent aucun contrôle a priori des publications, ce qui fait que rien ne garantit leur véracité !

Mais parmi les annonceurs, des individus utilisent souvent le mot « hôtesse » pour masquer une nouvelle forme de prostitution (pas si nouvelle que ça en réalité). Et comment ? A travers des mots soigneusement choisis, ils stipulent clairement vouloir rechercher des hôtesses … Or, lorsqu’on demande de plus amples informations en message privé, on s’aperçoit que c’est tout autre chose qu’ils recherchent !
« Ils ont posté une annonce pour rechercher des hôtesses, mais j’ai ensuite compris que c’était des escort girls* qu’ils voulaient » déclare Rinah. (* service d’accompagnement le plus souvent sexuel).

En plus de profiter de la faiblesse des filles, certains tentent aussi de leur soutirer de l’argent : « dans lannonce, il était clairement précisé que le casting se déroulait à l’Hôtel Carlton à Anosy. J’ai contacté le responsable et il m’a parlé d’un casting sur Skype. Il me demandait de payer le droit de casting via Western Union et m’affirmait que, si j’étais sélectionnée, je pourrais alors obtenir 14 000 . Non mais ! » déclare Onja.

Ce n’est pas tout, ils vont jusqu’à se procurer les coordonnées des filles : « jai tout de suite compris que quelque chose ne tournait pas rond quand il m’a demandé mon nom et mon adresse pour, soit-disant m’envoyer de l’argent ! » dit Jeena. « Si j’avais su qu’il s’agissait de faire un sexy show dans une salle de billard, je n’aurais jamais envoyé mon CV » rajoute Erica, qui voulait postuler elle aussi pour être hôtesse.

Les plus décidés ne lésinent pas sur les mots et n’hésitent pas à expliquer, point par point, les tâches que doivent effectuer les jeunes filles : « Tu dois juste t’adapter à ce que tu verras, il se pourrait que des gens fassent l’amour sous tes yeux, il se pourrait aussi qu’un homme te demande ouvertement de faire l’amour avec lui. Il n’y aura que des vazaha* (*des étrangers). Il est possible que certains consomment de la drogue et tu ne dois pas t’affoler car c’est un tout autre feeling. C’est tout. Tu dois juste mesurer 1m60 et avoir un bon physique. Ton travail consistera à servir et à conduire les clients dans leurs chambre » dévoile Aina, c’est ce qu’on lui a dit quand elle a voulu postuler comme hôtesse,elle avait reçu ce message du recruteur ! Et elle n’est pas la seule, beaucoup ont reçu le même message après avoir postulé.

« Après avoir répondu à une annonce, le recruteur m’envoie un message en me disant que je dois passer un casting en privé avec lui. Il précise qu’il y a une robe qu’il veut que j’essaye et que je dois me changer sous ses yeux » avoue Tiana. Vous conviendrez que c’est une drôle de façon de procéder à un casting.

Certaines offres douteuses vont  jusqu’à promettre une somme de 200 000 Ariary* par fille pour seulement une soirée (*soit 66 €, ce qui est beaucoup pour un malgache), sans vraiment préciser les tâches qui attendent les volontaires. Il y a forcément anguille sous roche !

Mordre volontairement à l’hameçon

Les plus naïves ne distinguent pas les vraies annonces des fausses et mordent à l’hameçon, car elles veulent gagner un peu d’argent. Mais cette forme de prostitution déguisée ne retient pas pour autant l’enthousiasme de certaines. Pour preuve : beaucoup entrent tout de même en contact avec les annonceurs sur les réseaux sociaux, en dépit du caractère sexuel évident de l’annonce. On peut le voir en commentaires dans les publications les plus louches : des jeunes filles se disent ouvertement « intéressées ». Si les annonceurs continuent systématiquement de poster les mêmes offres, c’est que ça marche, on imagine que ces annonces obtiennent donc des réponses.

Pour ce qui est des postes à pourvoir, ils varient d’animatrices téléphone rose* (*comprenez : discussions érotiques et coquines au téléphone) à escort girl pour soirées privées, en passant par accompagnatrices pour étrangers, animatrices webcam , figurantes sexy pour calendrier, mannequins, modèles pour photos de nu, masseuses pour VIP, animatrices commerciales, hôtesses… Bref, ce n’est pas toujours évident de faire le tri.

Le salaire comme appât et exploitation des agences

Le salaire motivant sinon l’argent « facile » est toujours le premier argument mis en avant pour attirer les jeunes. Une capture d’écran de Lalaina dévoile sa conversation avec l’annonceur : « C’est une offre extra, et il te faudra beaucoup d’audace ! Tu peux amener une amie si tu as peur. En plus ton salaire sera de 350 000 Ariary* (*soit environ 100 ) pour seulement 2 heures (…) le travail consistera à prendre une chambre avec un chinois ».

Les agences profitent du manque d’expérience des jeunes filles qui se lancent dans le domaine, pour leur imposer des conditions de travail injustes. Le plus souvent, c’est sur l’horaire que le problème se pose. Même stipulé dans un contrat, celui-ci dépasse largement ce qui était convenu au départ, mais la paye reste la même évidemment ! De plus, le trajet est rarement inclus dans la prestation de l’agence, les filles doivent donc payer elles-mêmes les transports alors qu’elles rentrer tard dans la soirée.

Un cas assez fréquent aussi : en plus d’une prime pour chacune des hôtesses, souvent les établissements promettent de prendre à leur charge la coiffure, le maquillage, la tenue ainsi que le repas. Mais, une fois sur place, ils déclinent tout bonnement cet engagement. Le salaire journalier de 10 000 Ariary* (*soit environ 3 ) est déjà très bas pour les employeurs (les plus avares), mais en plus les filles doivent encore payer leur déjeuner, leur casse-croûte, leur frais de bus, leur lissage chez le coiffeur (qui est obligatoire)… C’est  vraiment de l’exploitation !

Ce qu’en pense la société

« Beaucoup de gens sous-estiment le métier d’hôtesse car ils pensent que seules les jeunes en situation misérable l’exerce » répond Naella quand on lui demande à quels problèmes elle fait face dans son travail.

J’ai si souvent entendu des gens dire que les hôtesses et animatrices ne sont « pas très sages », qu’elles sont frivoles, que seules les moins intelligentes se lancent dans ce domaine, que se sont des « chasseuses d’hommes »… Certes, elles se font constamment draguer par des inconnus sur le terrain, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles acceptent de sortir avec n’importe qui.

Je sais de quoi je parle car à force d’entendre des techniques de drague dépourvues de finesse, on maîtrise, sans le vouloir, l’art de l’esquive. Autrement dit, à force, on sait envoyer balader ces messieurs… mais avec tact !

Pas que des problèmes

Pour conclure, car j’en ai assez dit, mis à part la souffrance des pieds due aux talons hauts, on peut aussi n’avoir aucun problème particulier. Il faut l’avouer. Comme certaines offres sont honnêtes, je ne vais pas mettre tous les annonceurs et toutes les agences dans le même panier.

Très souvent, ce travail nous permet même de rencontrer des personnes merveilleuses, d’avoir quelques privilèges qu’on n’aurait jamais eu en temps normal. Mais pour protéger les jeunes qui sont dans le domaine, il faudrait peut-être prévoir la création d’une association pour défendre leur intérêt et débattre autour de leurs conditions de travail. Et pourquoi pas un renforcement de la lutte contre le proxénétisme par l’État malgache ? 🙂

**Les prénoms des personnes citées ont été volontairement modifiés pour conserver leur anonymat.

Ce billet a été initialement publié sur mon blog Medium fin 2015. 


Mon premier billet sur Mondoblog !

Ceci est mon premier billet sur Mondoblog. Comme le font la plupart des nouveaux recrus à chaque saison, on a envie de partager nos émotions après avoir été sélectionnés pour intégrer la plateforme. C’est vrai qu’on peut se permettre de frimer (un tout petit peu) quand on figure parmi les 100 candidats retenus sur les 600 qui ont postulé. Niahaha! Ce billet est en quelque sorte une manière de vous dire bonjour et de me dire bienvenue à moi-même. En passant, si vous voulez en savoir plus sur moi et sur mon blog , c’est par ici

Je vais me « confesser » à travers un petit flash back que je résumerai en quelques étapes : de l’idée de participer à Mondoblog jusqu’à la rédaction de mon premier vrai billet que vous êtes en train de lire. Rien de mieux pour briser la glace. D’ailleurs, les Mondoblogueurs des 5 premières saisons et ceux de la 6ème se reconnaîtront peut-être dans ces quelques lignes.

Etape 1 : Premier déclic

Nous sommes un 29 mars. Je suis dans le bus pour aller je ne sais où. J’écoute la radio et je me branche sur la fréquence 96.0. C’est celle de RFI à Antananarivo. La jolie « pub » qui annonce le concours Mondoblog passe à l’antenne. Et dans ma petite tête : « C’est quoi ce Mondoblog déjà ? ». Et puis Alleluia, je me remémore tous ces billets que j’ai lus je ne sais plus quand je ne sais plus où. C’étaient de supers billets. Ah ça oui ! Écrits par des blogueurs du monde entier, bourrés de talents et qui avaient des messages (très censés) à faire passer. C’est là que je me pose la question : « Ai-je l’audace de devenir mondoglogueuse moi aussi ? ».

Etape 2 : Soumission de la candidature

Je répète : nous sommes un 29 mars. Le deadline du concours est après demain. J’ai encore le temps. Enfin non, je n’ai plus le temps. Je ne peux pas rédiger un article de 4000 caractères sans être inspirée. Et là, l’inspiration me fait encore la moue. Je décide de piocher dans mon ancien blog. Tadaaah!! Justement un article correspond au thème que j’ai choisi. Je le relis et soumets ma candidature. Voilà ! C’est parti. Il ne reste plus qu’à attendre. J’essaye de rester zen….JE suis zen…

Etape 3 : Attente interminable

Je le sais. Il faut attendre quelques semaines avant que les résultats ne tombent. Mais l’attente semble ne plus en finir. Et c’est là que ça se complique : l’attente vire à l’angoisse. Je check mes mails de temps en temps (durant les rares moments de lucidité qui me restent). C’est là, seulement là que j’ai su que c’était important pour moi. Que je voulais vraiment réussir ce concours et participer à l’aventure Mondoblog.

Etape 4 : Prolongement de l’attente et hystérie

Vers le 19 avril, toujours pas de mail. Je check ma boite 30 fois par jour. Je commence à faire des cauchemars. (Vous savez, c’est comme quand vous allez passer un examen important. Plus la date approche, plus vous faites des cauchemars dans lesquels vous échouez à votre examen). Vers la dernière semaine d’avril, j’abandonne tout espoir. Enfin j’essaye.

Et puis un beau matin du 27 avril, « il » est là. Je le vois tranquillou dans ma boîte mail. Je l’ouvre et… Hystérie totale !! Je suis mondoblogueuse!!!!

Etape 5 : Ce fut bref mais intense

Après la jubilation, place à l’appréhension et aux questionnements : de quoi vais-je parler dans mon nouveau blog ? Quel nom lui donner ? Serai-je capable de maintenir le rythme ? …Et puis je réfléchis à des noms et des slogans originaux pour aboutir au final à des formules soit insolites, soit moralement incorrectes, soit à connotation sexuelle. Bref, je préfère zapper cette partie-là.

Etape 6 : Nuits blanches

J’entame une lecture frénétique des billets rédigés par les aînés mondoblogueurs. C’est pour avoir une petite idée sur ce qui se fait…ou ne se fait pas. On est nouveau, on tâte un peu le terrain. Je repère çà et là quelques auteurs qui me plaisent déjà. Je tombe rapidement amoureuse de leurs blogs. Je sais que je suis amoureuse d’un blog quand j’incline ma tête à gauche et que je souris béatement… Et puis je passe carrément des nuits blanches. A lire et à relire des articles que j’aime bien. Pour leur simplicité et pour la personnalité de celui qui les a écrits.

Etape 7 : Accueil chaleureux

On nous accueille chaleureusement au sein de la grande famille. Oui, Mondoblog c’est d’abord une famille. Je ne la connais pas encore assez mais je le sais déjà. A la simple façon dont on me souhaite la bienvenue et dont on me propose de l’aide en cas de besoin. Ils sont gentils les mondoblogueurs .

Etape 8 : Découverte macabre

Et puis je découvre le backoffice * de WordPress. Pour ceux comme moi qui ont eu l’habitude de bloguer sur des plateformes pour les nuls assez basiques, il faut l’avouer, ça part un peu dans tous les sens. Du moins pour le premier contact. Mais c’est une question d’habitude sans doute.

Etape 9 : Mon premier billet

Aujourd’hui, j’intègre cette grande famille et ceci est mon premier billet en tant que Mondoblogueuse.

J’espère que c’est le début d’une expérience qui – à elle seule–marquera toute une vie. En avant!

 

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*backoffice : c’est la partie du site internet qui n’est visible que par l’administrateur du site et qui permet de gérer le contenu, les fonctionnalités.