Fenosoa Sergia

Rencontre avec une athée, une juive, un catholique et un musulman à Madagascar

Dans le cadre du projet Interfaith Tour, Eloi (catholique), Sami (musulman), Bénédicte (athée) et Bettina (juive) parcourent 20 pays sur les cinq continents à la recherche d’initiatives inter-religieuses et d’acteurs du « vivre-ensemble ». Pendant environ deux semaines, ils sont à Madagascar. Rencontre avec 4 jeunes de convictions différentes, porteurs d’espoir pour l’humanité. 🙂

Samedi 16 septembre, 15h30 : J’ai rendez-vous avec Eloi devant l’Institut Français à Analakely. Nous rejoignons ensuite l’Hotel de l’Avenue à deux pas de là où attendent ses trois compagnons de voyage.

Une fois dans le hall de l’hôtel, je fais connaissance avec le reste de l’équipe, super sympas. C’est la première fois que je rencontre une athée en vrai, du coup c’est un peu l’émotion. J’apprends rapidement qu’il va s’ensuivre une interview filmée. Ça c’était pas prévu. Vingt minutes après, Sami installe la grosse artillerie : micro, trépied, caméra…

Leur petite organisation est déjà bien rodée : Eloi dirige l’interview en me posant des questions sur la religion, sur mon blog, sur la jeunesse malgache… Bettina fait un live tweet en parallèle, Bénédicte prend des notes dans son coin, et Sami filme l’interview. Seul petit couac : il manque une maquilleuse… :p

Comme je n’ai rien préparé, je suis un peu paumée. Mes réponses partent un peu dans tous les sens mais j’essaye tant bien que mal de répondre de la manière la plus « normale » possible, ce qui me demande un effort surhumain. Au fur et à mesure de l’interview, je constate à mon grand étonnement que ma bouche débite quelques mots suspects non-identifiés. Mais au final, c’était bien et j’ai appris pas mal de choses aussi.

De gauche à droite : Eloi, Bénédicte, moi (avec une sale gueule), Bettina, Sami © Avec l’aimable autorisation de Interfaith Tour

Aventure culturelle et périple religieux à Madagascar

Depuis le 1er juillet 2017, les quatre étudiants ont déjà traversé l’Estonie, l’Albanie, le Liban, l’île de Chypre, la Tanzanie avant de passer par Madagascar. Au total, ils traverseront 20 pays avant de retourner en France en février 2018.

Depuis leur arrivée sur la Grande Île, ils ont pu rencontrer et interviewer quelques personnalités issues de divers domaines touchant de près ou de loin à la religion, comme le professeur Serge Henri Rodin alias Korb, des artistes du CRAAM, des membres d’associations de scouts, des représentants de communautés juives, des représentants de ministères, des prêtres …

Rencontre avec des artistes du CRAAM. © Avec l’aimable autorisation de Interfaith Tour

A Madagascar, il faut dire qu’on est encore loin de l’antisémitisme et de l’extrémisme religieux comme ça peut parfois être le cas au Moyen Orient ou en Afrique du Nord. En général, les Malgaches sont assez tolérants sur le sujet. Bettina, Sami, Eloi et Bénédicte sont persuadés que la paix et la cohésion sociale dans le monde passent inévitablement par la coopération entre les différentes religions et cultures, aussi diverses soient-elles.

Tout au long de leur voyage, nos globe-trotters sont hébergés chez des habitants, ce qui leur permet de s’immerger entièrement dans la culture du pays étudié. Après Antananarivo, ils mettront le cap sur la ville d’Antsirabe, située à 170 km de la capitale malgache, avant de s’envoler vers leur prochaine destination : le Sri Lanka.

Mais Interfaith Tour, kézako précisément ?

Interfaith Tour est un projet né en 2013 d’un partenariat entre l’association Coexister et l’agence Sparknews. Actuellement à sa troisième édition, il « vise à envoyer de façon régulière une équipe de 4 ou 5 jeunes de différentes convictions religieuses ou spirituelles faire le tour du monde à la recherche d’initiatives interreligieuses et interconvictionnelles ».

Sur leur site officiel, ils présentent les trois ambitions de leur projet, à savoir :

1.  Promouvoir les initiatives interreligieuses dans les pays étudiés.
2.  Connecter entre elles ces initiatives afin de créer un véritable réseau d’échange de bonnes pratiques.
3.  Approfondir pour favoriser la recherche ou la production de contenus pédagogiques.

Bref, un projet symbolique qui ne peut que me mettre du baume au cœur.

16h45 :  Je quitte l’Hotel de l’Avenue avec mes cliques et mes claques, non sans une pointe de fierté, de satisfaction mais surtout de conviction… La conviction qu’on a beau être différents, on peut coexister ensemble tout en gardant notre propre identité. La preuve : Bettina reste juive, Sami reste musulman, Eloi reste catholique et Bénédicte reste athée, pourtant ils ne se sont pas entre-tués… En tout cas, pas devant moi.

Suivez leur périple sur Facebook et Twitter

P.S : Un grand merci à Arva du blog « Chups raconte » pour la mise en relation 😉


Antananarivo : top 5 des lieux à (re)découvrir sur Google Street View

Aujourd’hui, nous allons parler tourisme, mais à ma manière. Je pense qu’il n’est plus nécessaire de vous présenter Google Street View, la fonctionnalité vedette intégrée à Google Maps qui permet d’obtenir un panorama à 360° d’un paysage et de le visionner « comme si on y était ». Pour Madagascar, les premières images ont été lancées sur la plateforme en mai 2015. A croire que l’info est passée sous mon radar à l’époque. 😉 Et depuis, la Grande Île s’exhibe au regard d’internautes curieux à travers le monde. J’ai donc sélectionné pour vous 5 endroits à Antananarivo, à visiter virtuellement… ou pas, si vous passez dans le coin. 

Tout d’abord, petite astuce de visionnage sur PC (je n’ai pas encore essayé sur mobile) : maintenir le bouton de la souris enfoncé et faire glisser le curseur à gauche ou à droite pour faire pivoter la vue. Vous pouvez avancer vers un point et donc littéralement « bouger » (oui oui), notamment pour le lieu N°1, N°2, et N°5. Il est aussi possible de zoomer en avant ou en arrière et d’entrer en mode plein écran pour bien se projeter dans le décor.

1) Le Rova de Manjakamiadana

Le Rova (prononcer « Rouv »), aussi appelé Palais de la reine est perché à 1463 m d’altitude sur la plus haute colline d’Antananarivo. Ce monument emblématique de la ville des Milles* a été construit au XVIIe siècle sous les règnes du roi Andrianampoinimerina. Dès que vous mettez les pieds dans la capitale malgache, vous ne pouvez pas le rater, d’ailleurs il figure parmi les premiers sites préférés des étrangers qui débarquent à Tana. Le Rova n’est pas très loin du quartier où j’habite mais je n’y suis allée qu’une seule fois, et même sans le faire exprès. Honte à moi !

 

2) Les ruelles insoupçonnées

J’ai cru qu’on pouvait se balader uniquement sur les principaux axes routiers ou sur les grands sites, mais il faut dire que le trekker** de Google a sillonné les petites ruelles de Tana, pour le plus grand plaisir des aventuriers et des petits curieux. Donc ici, nous sommes sur la colline d’Ambonin’Ampamarinana, juste sous le gros panneau « ANTANANARIVO » (à la manière de « HOLLYWOOD » aux Etats-Unis). Bon, ledit panneau a récemment été enlevé, mais on a quand même un super souvenir. Sur ce Street View, si vous pivotez  la vue à 180° et que vous cliquez sur l’attroupement de garçons au regard curieux, vous verrez de près à quoi ressemble une petite épicerie typiquement malgache.

 

3) Le tarmac de l’Aéroport International d’Ivato

Si vous habitez à l’étranger et que vous avez déjà mis les pieds à Madagascar, vous êtes forcément (enfin à 90%) passé par cet endroit. Oui, c’est à Ivato qu’ont lieu les rencontres les plus émouvantes, mais c’est aussi là qu’ont eu lieu les meilleures sagas de trafics au monde. Attendez, ne partez pas en courant! :). Google Street View nous rappelle que ça vaut quand même un petit détour virtuel.

 

4) La faculté de droit de l’Université d’Antananarivo

Ce n’est pas vraiment un lieu « touristique » mais j’ai juste eu envie de l’intégrer à ce petit top 5. Pourquoi ? Et bien juste parce que c’est là que j’ai fait mes premières études supérieures. C’était à l’époque où j’ai commencé à tâtonner naïvement les filières, à la recherche de la « bonne ». Et finalement ce n’était pas le droit. Pour les nombreux étudiants malgaches qui sont passés par là, le mythique DEGS (Droit, Economie, Gestion, Sociologie) marquera à jamais nos esprits. Eh oui, sur Street View, les universités ça se visite aussi .

5) Et enfin… la superbe vue panoramique d’Andohalo

Le quartier d’Andohalo, c’est l’un de mes endroits préférés à Antananarivo. Je crois que c’est la seule hauteur qui permet d’embrasser toute la plaine du Betsimitatatra et d’admirer de loin un Tana calme et paisible. C’est aussi un véritable lieu de prédilection des Malgaches lors des festivités du 26 juin*** pour admirer les feux d’artifices. Si vous faites glisser l’image vers la gauche, vous apercevrez notre ami « Le Rova », trônant majestueusement sur sa colline.

C’est tout pour ce petit top 5. Google nous montre qu’il y a encore tellement de choses à voir et à faire à Madagascar, comme marcher le long de l’allée des baobabs à Morondava, ou encore voyager en pirogue le long du canal de Mozambique… car oui, Street View n’est pas passé qu’à Antananarivo.

Bref, explorer des sites comme ça sur la plateforme, c’est vous inviter au voyage et à la découverte. L’étape cruciale est de déployer les moyens pour pouvoir les découvrir en vrai. Mais ça, c’est encore une autre affaire. 🙂

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* La ville des Milles : autre surnom donné à Antananarivo

** Trekker : l’appareil qui permet à Google de photographier les lieux pour Street View

***  26 juin : fête de l’indépendance de Madagascar


Innovation numérique : à la rencontre de Velox et Sparks Madagascar

Velox et Sparks Madagascar. Rappelez-vous bien de ces deux noms si vous voulez être en avance sur votre temps ! Il s’agit des deux équipes malgaches lauréates du concours d’innovation numérique Créathon 2017.

Encore loin des success story, ils en sont à leur début. Je les ai découverts grâce à l’Agence Universitaire de la Francophonie, qui m’a d’ailleurs gentiment donnée leurs coordonnées. Et c’est avec grand plaisir que Velox et Sparks Madagascar acceptent de se « livrer »!

Pour la petite histoire, le Créathon est un concours sur l’innovation numérique et l’apprentissage initié par le Campus E-Education (C2E) Poitiers, en partenariat avec l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Nos deux « teams » vont créer deux applications pour le grand public portant sur le développement durable : iDefi et Ludicolo. C’est une évidence, les Malgaches ne seront pas des éternels consommateurs d’applications. On sait très bien en créer aussi.

Qui se cachent derrière l’équipe Velox ?

L’équipe Velox, constituée de 4 garçons, développe l’application multiplateforme iDefi qui aide les usagers à s’engager en faveur du développement durable à travers des défis. « Notre vision à travers l’application est de promouvoir les conséquences des bonnes actions de chacun, de la communauté et des entreprises. » m’explique Faneva.

L’appli est encore en phase de développement et sera lancée d’ici 2018. Toutefois, une version beta est prévue pour le mois d’octobre 2017.

Les garçons de la team Velox. Photo : Equipe Velox

Faneva: se focalise sur le datamining. « Mon objectif est de devenir un acteur dans le développement de la technologie et de l’informatique à Madagascar. » me confie-t-il. « Dans 5 ans, j’espère aussi que notre startup que nous commençons d’ailleurs avec iDefi sera économiquement viable, rentable et mondialement connu. » Faneva se destine à devenir un grand chercheur, notoire et qui assiste à des conférences internationales.

Ambinintsoa: ingénieur informatique dans le domaine du big data pour le compte d’une entreprise française. « Mon rêve depuis toujours est de créer ma propre boîte. D’ici 5 ans, j’aurai créé 2 ou 3 entreprises dans le domaine de l’informatique. »  S’il y a quelque chose qui le passionne à part son travail, c’est l’humanitaire.

 Michael:  responsable du développement technologique au sein de l’Herifrak. « J’ambitionne de devenir éleveur et agriculteur » me confie-t-il. A part l’informatique, c’est un féru de jeu vidéo dota et de natation.

Nomena: enseigne au sein de la MISA*. Son sujet de réflexion se base sur la recherche et l’exploitation d’informations. Concrètement, dans la vie de tous les jours, il fait des recherches et des expérimentations pour pouvoir ensuite rédiger un article scientifique. « Dans 5 ans, j’espère avoir créé une petite entreprise qui traite de l’utilisation de la technologie sur le marché financier ou dans le domaine du tourisme ».

Nomena est aussi un passionné de…chant. « J’ai failli devenir artiste mais ça n’a pas marché. Peut-être que je continuerai en parallèle sur cette voie, parce que je suis développeur et informaticien, et il paraît que ça n’attire pas trop les filles » 😉

A noter que tous les 4 sont ingénieurs issus du parcours Mathématiques, Informatique et Statistique Appliquées (MISA*) de l’Université d’Antananarivo.

Ci-dessous une petite vidéo qui explique brièvement le caractère innovateur de l’application iDefi :

Velox

Projet lauréat du Créathon : équipe Velox

Publiée par Créathon 2019 sur Lundi 15 mai 2017

Et derrière l’équipe Sparks Madagascar ?

L’équipe Sparks Madagascar, constituée aussi de 4 garçons ambitieux, développe l’application « Ludicolo ». Ludicolo est une plateforme de jeu et de concours sur lequel les membres pourront participer à de nombreux défis, tous en rapport avec l’écologie et le développement durable.

Très concrètement : l’utilisateur envoie des photos ou vidéos montrant les actions qu’il a faites, puis il gagne des points. Les autres membres pourront réagir grâce aux « like » et aux commentaires. Un rang est attribué selon les points gagnés. Des récompenses et des certificats sont décernés aux membres les plus assidus et les plus actifs. Ils pourront les partager ou afficher sur leurs profils sur les réseaux sociaux.

Les membres de l’équipe Sparks Madagascar. Photo : Sparks MG

Njary : travaille en tant que développeur mobile dans une boîte à Tana mais également Chief Technical Officer au sein d’une startup spécialisée en développement d’application web et mobile.

Plus tard, il se voit diriger sa propre entreprise capable de proposer des solutions technologiques en adéquation aux réalités existantes à Madagascar et dans le monde. « C’est pour cela que nous avons commencé par des petites applications comme HoAizaIndray(1) et Tsenako (2)… ». En passant, je vous invite à jeter un œil sur ces 2 applis qui sont déjà téléchargeables sur Playstore.

Andry : développeur freelance sur IOS. Il espère aussi créer une entreprise soit individuellement, soit avec ses collègues. Mais il a une vision bien précise de son avenir : « Pour l’instant, je n’attends rien de bien particulier de l’entreprise. Ce dont j’ai besoin, c’est de passer du temps avec ma petite famille que je vais fonder avec ma fiancée. » 🙂 D’ailleurs, avec sa fiancée, il envisage de mettre en place une maison d’aide soit pour les plus démunis, soit pour les personnes âgées.

Mamitiana: travaille en tant que freelance développeur Python et data scientist au sein d’une startup basée à Paris. Son objectif ? Promouvoir l’intelligence artificielle à Madagascar. A part sa passion pour l’informatique, Mamitiana se consacre à une autre tâche qui lui tient aussi à cœur : initier des enfants au bénévolat.

Rindra : développeur freelance au sein d’une startup basée à l’île Maurice. Une fois son Master II en poche, il envisage de se lancer dans les recherches, qu’il combinera en parallèle avec des jobs en freelance. Rindra est adepte de jeux vidéos et de vendredis magnifiques entre amis. 🙂

Tous les 4 préparent leur Master II au sein du parcours MISA de l’Université d’Antananarivo.

Cette petite vidéo réalisée par Sparks Madagascar pourra mieux vous expliquer le concept de l’application Ludicolo :

Sparks Madagascar

Projet lauréat du Créathon : équipe Sparks Madagascar

Publiée par Créathon 2019 sur Lundi 15 mai 2017

 

Même s’ils ont des rêves pleins la tête, les garçons gardent les pieds sur terre. Quand je leur demande s’ils pensent sincèrement que leur projet va marcher, ils ont leur petite réponse :

Rindra : « C’est toujours risqué. Je pense que nous perdrons plus de temps que d’argent si jamais notre projet ne marche pas. Il ne faut pas se contenter de foncer tête baissée dans l’entrepreneuriat, il faut faire autre chose en parallèle, des jobs en freelance par exemple. »

Faneva : « La protection de l’environnement n’est pas encore la principale préoccupation des Malgaches, or notre projet se focalise justement sur cela. »

Michael: « D’après vous, où sont passés les nombreux lauréats et les primés des concours de startup à Madagascar? Etre lauréat ne garantit rien. »

Nomena : « La plupart des Malgaches ne vivent pas avec la technologie au quotidien (si on ne considère pas facebook). C’est évident que le coût n’est pas à la portée de tous. »

Après m’être renseignée sur les caractéristiques et les fonctionnalités de chaque application, je trouve qu’iDefi et Ludicolo pourraient bien marcher, à l’instar des nombreux applis malgaches. Car au-delà de l’aspect sacro-saint « développement durable », elles répondent à un besoin croissant, celui de flatter l’ego surdimensionné des internautes, selfies et vidéos à l’appui.

Pour ceux qui, comme moi, n’ont pas encore fait ample connaissance avec le développement durable, iDefi et Ludicolo s’avèrent être une alternative ludique et attractive pour procéder. Rassurez-vous, ici on parle de petits gestes simples à faire au quotidien sans forcément embrayer sur de grands projets écologiques.

Mon message pour Velox et Sparks Madagascar et pour tous les jeunes de leur acabit : Rêvez, créez, travaillez, persévérez et brillez…Si vous échouez, recommencez! Et puis comme le dit un certain Idriss Aberkane : « l’échec est un diplôme! ».

Ah oui j’ai failli oublier, Velox et Sparks Madagascar rejoindront Poitiers (France) les 2 au 6 octobre prochains pour suivre un atelier d’accélération sur le montage de projet, pour pouvoir aboutir à la création de leur propre startup. 🙂

Bon vent !


(1) Hoaizandray : Application mobile qui permet de localiser les lieux et endroits utiles de la ville d’Antananarivo, mais aussi les bons plans

(2) Tsenako : Application mobile pour faciliter l’achat des PPN au quotidien et mieux gérer les dépenses du ménage

 

 


Coup de gueule estival

Bon! N’y allons pas par quatre chemins : cette année je ne pars pas en vacances. Comme beaucoup de familles malgaches d’ailleurs. Contrairement à certains, partir en vacances n’est pas « vital » pour nous, d’ailleurs moi-même je ne sais plus à quand remonte mes dernières relations intimes avec la mer… Mais cette année, je me sens un chouia nostalgique de la belle plage de Morondava, de Foulpointe, de Tuléar, non… surtout celle de Morondava. J’ai le moral à zéro. Et quand une blogueuse a le moral à zéro, forcément elle pond un billet…comme celui-ci !

C’est l’ « été » comme on dit. J’ai toujours aimé ce mot quand j’ai été gosse. Aaaaahh l’été, cette belle saison. Un mot tellement sucré. Qui évoquait dans ma tête les vagues, l’océan, le soleil, les grosses pastèques qu’on voit uniquement dans les films, « les vomadilo » (tamarin), les caries dentaires, les Vengaboys,…

Les Vengaboys, le groupe qui a fait vibrer nos vacances d’antan au rythme de Shalala lala. Photo : Faster Louder

Et puis quand j’ai grandi, le mot « été » a commencé à perdre peu à peu de sa magie. Certains jours plus que d’autres. Comme aujourd’hui. La période estivale est censée incarner la chaleur non ? Sauf qu’ici à Antananarivo, il fait 11 °C en ce moment (température minimale bien sur), avec tout ce que cela implique de nuage et d’humidité. Cerise sur le gâteau, la météo vient d’annoncer que la température baissera encore cette semaine…génial. Hashtag #BadMood. 🙁

Comme si ça ne suffisait pas de rester coincée au bureau, à baver devant les photos de proches – pieds nus dans les sables, belle gueule au soleil – il fallait que le froid apporte son lot de morosité, de rhume et donc de morve au nez…Je n’aime pas le froid. D’ailleurs qui aime le froid ? (merci de réagir en commentaire si besoin).

Décidément blasée, je glane ici et là quelques tips pour me redonner du peps. Comme celle-ci par exemple : Tu ne pars pas en vacances ? 5 idées pour t’éclater quand même. Je me lance. Mais quand je tombe sur le numéro 3 qui me suggère de me faire de nouveaux amis… chats : « entoure-toi de gentils animaux de compagnie » j’ai tout simplement envie de me pendre. L’astuce numéro 4 me propose même l’idée originale de « dîner chez un inconnu ». Super ! C’est la plus réaliste de toutes, si tu es sado-maso bien sûr et que tu n’habites pas à Madagascar.

Ici, on est encore loin des clichés « bons plans » comme en Europe ou aux Etats-Unis, où il suffit juste de passer par une appli ou un site pour se « faciliter la vie ». Un concept comme Voulez Vous Dîner a l’air de bien marcher sous d’autres cieux, mais je ne donne pas cher de sa peau s’il réussit à s’incruster à Madagascar. Enfin, c’est mon avis. La mentalité et la connexion internet des Malgaches n’est pas encore arrivée à ce stade là, mais on avance peu à peu… Si si je te jure !

Sinon je viens aussi de découvrir l’existence du mot « staycation », un néologisme américain, mélange de « stay » et « vacation ». Qui signifie en quelque sorte « partir en vacances…à la maison« . Décidément, les américains. Pour moi c’est la mort, la dépression assurée. Mais je n’ai pas vraiment le choix, va pour le staycation.

Oui, c’est bien joli de rester positif et tout, mais c’est encore mieux de s’autoriser un petit « craquage » de temps en temps. Voilà, c’est évacué, c’est fou ce que je me sens déjà mieux.

Sinon toi aussi, qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’es pas en vacances ?


Ooohhh…de nouveaux billets de monopoly à Madagascar!

Voilà maintenant une semaine que les nouveaux billets d’Ariary (la devise malgache) circulent  à Madagascar. Comme on pouvait s’y attendre, les réactions des Malgaches pleuvent sur les réseaux sociaux. Je dirais que les internautes sont partagés entre ceux qui trouvent l’initiative « normale » et nécessaire, ceux qui critiquent le design jugé de mauvais goût, et ceux qui sont tout simplement dégoûtés. Petit tour de piste des réactions les plus insolites. 🙂

Cette année, contrairement à la sortie des nouveaux billets en 2003 et 2004, un outil de taille a fait la différence : les réseaux sociaux. Comme beaucoup de Malgaches,  j’ai été le témoin toute la semaine d’un tsunami de selfies et de statuts avec les nouveaux billets sur mon fil d’actualité.

Publiée par Laurenat Fxtxa sur Mardi 18 juillet 2017

Un exemple de selfie vu sur Facebook avec le nouveau billet de 10 000 Ariary.

 

Comprenez : « Le premier nouveau billet qui tombe entre mes mains, je le plastifie. hahaha »

Le débat qui fait rage : moche ou pas moche ?

Les discussions tournent généralement autour d’un aspect existentiel du billet :…le visuel. Les Malgaches sur Facebook et Twitter ont su démontrer à quel point leur goût est nettement plus raffiné par rapport à celui du méchant qui a osé « profaner » leur monnaie.

 

Comprenez : « Les nouveaux billets sont sortis, aucun charme. »

Et ont les traite de tous les noms : de « billets de monopoly » à « étiquettes de glace de vanille, fraise, pistache » , en passant par « tickets de tombola », «  copiés-collés des devises coréennes », « monnaies de dessin animé », ou encore « emballages de biscuit » …

D’ailleurs en parlant d’emballage de biscuit, je suis tombée sur ce joli montage:

Vu sur les réseaux sociaux. Le biscuit BFM (Banky Foiben’i Madagasikara), en référence à la Banque Centrale de Madagascar.

 

C’était mieux avant ?

Dans ce genre de situation, on a toujours les plus nostalgiques, adeptes du « c’était mieux avant ». « A notre époque, les billets de banque reflétaient bien les valeurs traditionnelles et les richesses malgaches. » peut-on lire dans ce commentaire sur Facebook. Alloooons m’sieur, faut pas non plus exagérer.

Pour se remonter le moral, on peut croire partiellement qu’il s’agit bien d’une initiative pour se conformer aux normes de sécurité en matière de billets de banque, d’autant plus que la gamme actuelle a pris un coup de vieux avec ses 13 ans au compteur. Il semblerait qu’il faille la renouveler tous les 1O ans.

 

Comprenez : « Je ne vois pas où est le problème. Même si les nouveaux billets sont moches, ils sont faits pour être dépensés, et non pour faire joli, donnez-les moi si vous n’aimez pas 😂

Le nouveau billet « non grata » : le 20 000 Ariary

Le 20 000 Ariary (l’équivalent de 6 € environ) a réussi à créer une véritable polémique bien avant sa sortie. Contrairement aux autres billets à qui on a juste donné un nouveau look, celui-ci est vraiment une pure nouveauté. A en croire la Banque Centrale de Madagascar, sa diffusion répond à un « besoin de l’économie ». Les Malgaches voient déjà l’inflation et la diminution de leur pouvoir d’achat se profiler à l’horizon.

Alors c’est quoi le problème au juste ? Ici à Madagascar, on utilise principalement le bus pour se déplacer au quotidien, avec un ticket à 400 Ariary.  Et c’est justement là le hic : déjà qu’avec un billet de 5000 Ariary, on galère pour trouver le majinika*, imaginons ce que ce sera avec un billet de 20 000 Ariary. Même si certaines analyses très poussées démontrent que le problème n’est pas vraiment la grosse coupure.

Vu sur les réseaux sociaux. Dans ce bus, on peut lire : « Nous n’acceptons pas la coupure de 20 000 Ariary. Merci ».

D’ailleurs, c’est aussi valable lorsqu’on va se ravitailler auprès des épiceries du coin. La majorité des familles malgaches achètent ses provisions au jour le jour, et donc en très petite quantité, voire juste le nécessaire (du charbon à 500 Ariary,  des kitay à 200 Ariary…). Avec la grosse bébête de 20 000 Ariary, il y a de quoi rire. On dit que cette coupure est uniquement réservée aux grandes transactions et donc ne sera pas utilisée dans les « petits » achats quotidiens. Mais là, après tout juste une semaine de la sortie des nouveaux billets, je trouve que c’est loin d’être respecté.

Vu sur les réseaux sociaux. « Je voudrais des tomates  de 200 Ariary s’il vous plaît »,  » Tenez votre monnaie m’sieur ».

Théorie du complot ?

Et la psychose s’installe. Certains y voient une manœuvre à des fins de blanchiment d’argent, ou de « magouille » politique à l’approche des élections présidentielles de 2018. Il y a aussi ceux qui pensent (à tort ?) que la couleur bleue du 20 000 Ariary fait référence à la couleur du parti au pouvoir HVM. Et d’autres qui vont jusqu’à réclamer un référendum national avant de continuer à mettre ces nouveaux billets en circulation.

Je ne porte aucun jugement aux réactions de mes compatriotes. Je trouve juste qu’elles sont assez typiques du Malgache lambda sur les réseaux sociaux. Toujours prêt à déverser sa bile sur qui veut bien l’entendre. 😉 Soit, nous sommes ainsi. Peut-être qu’au fond, nous voulons simplement faire entendre notre voix sur des décisions qui nous concernent,…tout en sachant qu’on ne nous écoute jamais.

Pour ma part, je trouve qu’il est un peu tard pour faire une quelconque protestation, déjà que les billets sont déjà sur le marché. Comme toujours, nous finirons bien par nous en accommoder…

 

*kitay : petits morceaux de bois utilisés pour allumer le feu

*majinika : monnaie